De Pornichet à la Corogne, notre traversée du Golfe de Gascogne

Pornichet, dimanche 15 juillet 2018, 19 heures... Pendant que tout le monde célèbre la victoire de la France en Coupe du monde, à bord du VDBII on prépare notre départ !

On met le cap au 240, vent Nord Ouest, soleil au rendez-vous puis l'on profite d'une première nuit sous les étoiles à admirer Arcturus, Mars, Jupiter et Vénus, Dénèb dans la Voie Lactée, Altaïr de la constellation de l'Aigle, Vega et son célèbre V inachevé, la Grande et la Petite Ours, Cassiopée et Antarès de la constellation du Scorpion... On se perd dans le tapis d'étoiles qui n'en finit pas de se dérouler sous nos yeux et qui nous offre de premiers quarts de nuit inoubliables.

Une belle équipe de barreurs en pleine forme et hyper concentrés... on garde le cap !

Premier jour dans le Golfe, on pose la ligne et... paf ! Un thon !!! Fabien n'en revient pas, lui qui avait passé trois jours à essayer sans succès d'en attraper un...

Énorme qui plus est : c'est parti pour plusieurs jours de repas au thon, sous toutes ses formes... Heureusement que l'on aime ça :)

Le thon a mordu à la ligne précisément ici : 45°52N 5°02W

Prise en main du sextant, on mesure la hauteur du soleil.

Pêche oblige, c'est festin de thon à midi ! En carpaccio ou saisi, on se régale !

Deuxième jour dans le Golfe, pétole et mer d'huile... Du coup, après un bon repas on pique une tête ! Drôle d'expérience que de se baigner en plein milieu de l'océan, avec 5 000 mètres de fond sous les pieds, à 80 milles des côtes espagnoles et une eau à 22°...

Pour les curieux qui souhaitent connaître le lieu exact de notre baignade, c'était là : 45°02N 6°58W ;)

Relever la hauteur du soleil au sextant c'est bien... Calculer notre latitude, c'est mieux ! C'est parti pour une session remue méninges, le nez dans les éphémérides, ça bosse... Et comme on est super balèzes, on trouve le même résultat que Mr GPS à la minute d'angle près ! (le GPS était jaloux...)

Après l'effort, le réconfort ! Encore un bon repas, une partie de cartes et aujourd'hui, ce sont les dauphins qui nous accompagnent jusqu'en Galice !..

Après deux jours et trois nuits dans le Golfe avec des conditions météo au poil, nous voici déjà arrivés à la Corogne !

De la Corogne à Lisbonne, à la découverte des côtes portugaises

On découvre le joli port de la Corogne et l'on célèbre notre première traversée au bar !

Une journée d'escale à visiter la ville, le vieux centre, le remblais, la tour d'Hercule, les petites criques, à profiter d'un excellent resto de poulpe (petite pensée pour Poupougne !)... On est séduit par les charmes de la Corogne, on se dit que l'on resterait bien ici... ;)

Depuis bien longtemps, Françoise fantasmait sur la chanson de Dutronc : "Toute ma vie j'ai rêvé de voir le bas d'en haut..."

Eh bien BCC a exaucé ses vœux et l'a expédiée en tête de mât pour monter l'antenne !

Samedi 21 juillet, on quitte La Corogne et on met le cap sur Porto : pendant que Myriam barre au près pour la sortie de port, en cabine Françoise et Pierre planchent sur la navigation, avec cartes et règle de cras.

On a 15 nœuds de vent dans le dos et l'on en profite donc pour sortir le spi ! Avec une installation modeste mais efficace, on grée notre voile de manière ancestrale : un bras, une écoute et un simple barber, à la Tabarly ! (inventeur de la chaussette de spi, dont on a eu l'occasion de mesurer la précieuse utilité...)

Les barreurs s'éclatent et tentent de battre un record de vitesse, on atteint les 9 nœuds de surface !

 

Pour parfaire une autre belle journée de navigation, des dizaines de dauphins nous rejoignent et accompagnent le bateau sur quelques milles, pour le plus grand bonheur de l'équipage !

On passe la nuit en mer et c'est parti pour les quarts ! Un bon repas, une partie de Catane (depuis quelques jours, la croisière s'est transformée en croisière astronomie, gastronomie et... jeux ! Certains membres de l'équipage - dont on taira le nom - sont devenus carrément addict...),  puis Pierre et Jeannot sortent le sextant pour mesurer les hauteurs de Vénus, Mars et Jupiter. Fastoche de mesurer la hauteur du soleil, beaucoup plus difficile de mesurer celle d'une planète ou d'une étoile ! (Le tout étant de la garder en ligne de mire et de ne pas se retrouver avec une autre étoile dans le viseur ! Pas aisé sur un bateau soumis aux mouvements de la houle et des vents...)

Encore une superbe journée de navigation côtière, en agréable compagnie puisque le soleil et les dauphins sont de nouveau au rendez-vous !

 

Alors que l'on se rapproche de notre destination en soirée, à 5 milles des côtes un brouillard d'advection nous tombe sur le nez et réduit notre visibilité à 20 mètres à peine ; changement complet et brutal d'atmosphère, on arrive au port quasi à l'aveugle... Un grand classique des côtes portugaises, où les courants froids remontent des hauts fonds vers la surface : et paf ! Brouillard d'advection, phénomène que l'on retrouve également sur la côte Ouest des Etats-Unis et notamment à San Francisco (on vous renvoie pour plus de détails à la très complète formation météorologie qui nous avait été dispensée l'année dernière par Jeannot et Rémy Motte, les Mr Météo de BCC !).

Mais dès que l'on a passé la jetée, le soleil du soir réapparaît et nous offre un superbe spectacle sur la Marina Leixoes où l'on s'amarre au ponton visiteur pour notre première nuit à Porto.

On débarque de nuit et l'on va se perdre dans les ruelles adjacentes au port. On tombe (encore une fois) sur un petit resto typique qui nous offre un repas savoureux à base de bacalhau (la fameuse morue portugaise, qui ne faillit pas à sa réputation !) et de sardinhas grillées, le tout accompagné bien sûr de succulents vins du Douro ! On ne se laisse pas abattre ;)

 

Le lendemain matin, le brouillard nous attend au levé et se dissipe ensuite pour laisser place aux rayons du soleil dont l'on profite tranquillement sur le pont avec un café. Fabien nous quitte pour rejoindre sa petite famille, il nous retrouvera à Lisbonne pour la traversée jusqu'à Madère. Le reste de l'équipage prend le métro direction Porto pour une journée chill out et visite :)

On passe par la très belle et ancienne gare de Porto puis l'on décide d'aller se perdre dans les rues sinueuses et accidentées du vieux centre, dont le charme coloré nous enchante. Encore un resto et l'on poursuit la balade sur les rives du Douro, le pont Eiffel et le parc du Palais de Cristal, qui nous offrent de somptueux panoramas sur la ville, à couper le souffle !

Lundi 23 juillet, toujours à la Marina Leixeo de Porto, on prépare notre navigation jusqu'à Lisbonne : on envisage un mouillage forain à l’île de Berlenga ou à Peniche, si la météo le permet...

 

On profite également de la journée pour faire un peu de rangement ainsi que les courses pour les prochains jours, publier pour les amis lecteurs qui nous suivent des nouvelles fraîches sur le blog, remplir les vaches d'eau douce (dont on consomme finalement une quantité minime depuis le début de la croisière) et faire un contrôle moteur.

Courte TSF de Jeannot qui nous explique où se situent les réservoirs de liquide de refroidissement, d'huile moteur, le filtre à eau, le bouton poussoir d'arrêt moteur, etc.

On termine par un point sur le stock de guerre en eau potable puis Jeannot et Pierre s’attellent à nous raccorder le four au tableau électrique (voir photo du tableau ci-dessous), afin de pouvoir faire fonctionner l'allume gaz.

 

En soirée on reprend les mesures de hauteurs de planètes réalisées par Pierre quelques jours auparavant, on ressort nos éphémérides et c'est reparti pour les calculs d'angle horaire, de latitude et de longitude.

 

On est fin prêts à partir !